samedi, novembre 23, 2024

La Désobéissance d’Andreas Kuppler de M… Goujon (Éd… H… d’Ormesson)

« Littérature sans Frontières » est une chronique de Pierre Guelff.

À l’heure des noces d’or de la réconciliation franco-allemande, alors, que ci et là, certains célèbrent le 80e anniversaire de l’accession d’Hitler au poste de chancelier et qu’on assiste à la résurgence de groupements nazis et fascistes de par le monde, il n’est pas vain de revenir sur quelques pans – parfois trop méconnus – de l’histoire du Troisième Reich.

« La Désobéissance d’Andreas Kuppler » de Michel Goujon, roman publié aux Éditions Héloïse d’Ormesson, raconte le drame vécu à Berlin, en 1936, par Andreas Kuppler, journaliste sportif de renom, complètement abasourdi face au dessein sanguinaire de l’hystérique Hitler, alors que son épouse, Magdalena, dite Magda, est tombée dans les filets tendus par le Führer et ses sbires, les Hess, Goebels, Himmler et autres gestapistes.

Comment le jeune couple, passablement fragilisé par la « stérilité de leur union », comme l’indique avec délicatesse l’auteur, comment, donc, pourra-t-il gérer cette situation aussi dangereuse qu’intimement perturbante ?

Andreas Kuppler fera-t-il encore longtemps une fixation, quasi obsessionnelle, sur les discours militants et enragés évoquant les Aryens, les Juifs, la musique nègre dégénérée ? Pourra-t-il oublier tous ces étendards à croix gammée flottant sur le site olympique, tous ces spectateurs allemands se dressant comme un seul homme pour faire le salut nazi, tous ces panneaux « Entrée interdite aux chiens et aux Juifs » à peine dissimulés devant les hôtels de Garmisch-Partenkirchen ?

« Acceptera-t-il de devenir lui aussi un pantin, un clown déguisé en journaliste ? » Un nazi ordinaire et suiviste, en somme, sachant très bien que les suivistes étaient des nazis de la pire espèce, alors que Magda ne cessait de lui seriner que « le nazisme était une chance pour tous et que les Juifs devraient définitivement partir en Palestine ».

Andreas Kuppler restera-t-il insensible aux approches (ou au piège, allez savoir !) de démocrates et de la belle Susanna ?

Magda résistera-t-elle aux avances (ou, aussi, un éventuel piège ?) d’un beau géant blond taillé comme un athlète ?

Bien entendu, il n’est pas question de dévoiler la suite de cette intrigue qui s’articule entre les tourments d’un couple au bord de l’implosion et ceux de l’Histoire, coincée entre propagande et terreur, mais on peut saluer dans ce roman, outre une écriture fluide et agréable, un travail de recherche exceptionnel sur l’adhésion individuelle ou non au « système dictatorial nazi ». Assurément, un livre qui marque les esprits et les consciences.

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